Le marché des logements étudiants en Europe s’apprête à connaître une croissance spectaculaire, mais le déséquilibre entre l’offre et la demande reste un défi majeur. Selon le Baromètre européen 2024 publié par The Class Foundation et Savills, les investisseurs prévoient une augmentation de 70 % de leurs capacités d’accueil d’ici deux à cinq ans. Un chiffre impressionnant qui cache néanmoins une réalité plus nuancée. Les opérateurs et investisseurs interrogés, qui détiennent actuellement 132 000 lits en Europe pour une valeur d’actifs de 25,3 milliards d’euros, envisagent d’ajouter 88 000 lits supplémentaires. Cette expansion nécessitera un investissement colossal de 22 milliards d’euros et porterait le total à plus de 220 000 lits. Pourtant, cette vague de nouveaux logements ne fera grimper le taux de couverture des besoins des étudiants que d’un maigre 13 % à 14 %, si le nombre d’étudiants reste stable. Même si l’ensemble des acteurs du marché augmentaient leurs portefeuilles dans les mêmes proportions, le taux global ne dépasserait pas 17 %, soulignant un fossé énorme entre l’offre et une demande croissante.
Les marchés les plus prometteurs ? L’Espagne, le Portugal et l’Italie sont en tête des priorités. Ces pays, où la couverture en logements étudiants est souvent inférieure à 10 %, offrent des opportunités massives pour les investisseurs. L’Espagne et le Portugal, déjà en forte croissance, continuent d’attirer des capitaux. Cette année, le Royaume-Uni et les Pays-Bas rejoignent les destinations les plus prisées, une évolution notable depuis le dernier baromètre. En France, 32 % des investisseurs envisagent de nouveaux projets dans les deux à cinq prochaines années. Selon Mathieu Guillebault, directeur du département Residential Capital Markets chez Savills, « l’année 2025 verra de nombreuses transactions d’envergure en France, avec des volumes d’investissement qui pourraient atteindre des records historiques ». Si les perspectives sont prometteuses, les obstacles ne manquent pas. 81 % des investisseurs s’inquiètent des variations des taux d’intérêt, qui compliquent le financement de nouveaux projets. À cela s’ajoutent des préoccupations liées à la hausse des coûts de construction, aux réglementations locales, et à l’accessibilité financière pour les étudiants.
Malgré l’intérêt croissant des investisseurs, le défi de répondre à la demande reste immense. Comme le souligne Frank Uffen, cofondateur de The Class Foundation, « même avec une augmentation de 70 % des capacités, cette croissance ne suffira pas à combler le déséquilibre actuel. » Pour réduire cet écart, il appelle à des « plans d’action nationaux » et des objectifs concrets pour construire des logements étudiants accessibles, adaptés et durables. « Ce n’est qu’avec des politiques ambitieuses que nous pourrons réellement répondre aux besoins des générations étudiantes à venir. »