Les derniers chiffres publiés par Infogreffe dressent un constat préoccupant pour l’économie française. Au troisième trimestre 2025, le tissu entrepreneurial montre des signes de fragilisation accrue, avec une explosion des radiations et une progression continue des défaillances, sur fond de ralentissement économique et de tensions de trésorerie.
Selon les données issues des greffes des tribunaux de commerce, 73 508 radiations ont été enregistrées entre juillet et septembre, soit une hausse de 24,9 % sur un an. En incluant les radiations d’office, la progression atteint 35,7 %, pour un total de 98 047 disparitions d’entreprises. En neuf mois, plus de 357 000 radiations ont déjà été recensées, dépassant le total de l’année 2024.
Des disparités sectorielles et territoriales marquées
Le secteur des activités immobilières apparaît comme le plus touché, avec une envolée de 90,7 % des radiations. À l’inverse, la construction (+10,2 %) et le commerce et la réparation automobile (+23,1 %) résistent mieux. Sur le plan géographique, les hausses les plus spectaculaires concernent la Guyane (+557,8 %) et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (+133,5 %), tandis que le Grand Est affiche une légère baisse (-1,2 %).
Les défaillances d’entreprises poursuivent leur ascension
La dynamique est tout aussi préoccupante sur le front des défaillances, en hausse de 16,2 % par rapport au troisième trimestre 2024. 13 240 entreprises ont été placées en procédure collective sur la période, prolongeant une tendance continue depuis le début de l’année. Entre janvier et septembre, 45 468 procédures ont été ouvertes (+15 %). Les liquidations judiciaires progressent de 9,9 %, les redressements judiciaires de 31 %, et les procédures de sauvegarde de 24,9 %. Ces chiffres traduisent l’effet conjugué de l’inflation, du coût du financement et de la baisse de la consommation, qui pèsent particulièrement sur les TPE et PME.
Une création d’entreprises toujours dynamique, mais plus précaire
Malgré ce contexte tendu, la création d’entreprises reste bien orientée : 145 491 immatriculations ont été enregistrées au troisième trimestre, soit +11,2 % sur un an. Les entrepreneurs individuels représentent 38 % des créations, devant les SAS (32 %). Cette vitalité cache toutefois une fragilité structurelle, les formes juridiques les plus souples étant aussi les plus exposées aux cessations rapides.
Les SCI affichent une croissance de 16,5 % des immatriculations, mais subissent parallèlement une explosion des radiations. Les SARL, plus stables, continuent de reculer. Les secteurs les plus dynamiques demeurent les activités spécialisées, scientifiques et techniques (+25,1 %) et le commerce (+20,8 %), tandis que la construction (-4,3 %) et l’hébergement-restauration (-13,3 %) marquent le pas
Des signaux contrastés mais un besoin d’accompagnement
Malgré ces tensions, Infogreffe note quelques éléments positifs : la hausse des dépôts de comptes annuels (+7,2 %) et des déclarations de bénéficiaires effectifs (+3,6 %) traduit une meilleure transparence et un renforcement de la conformité des entreprises. Le rapport souligne également la progression des structures engagées dans l’économie sociale et solidaire (ESS), passées de 304 à 528 créations, ainsi que la stabilité du nombre de sociétés à mission (160), signe d’un ancrage durable de l’entrepreneuriat responsable.









