Selon une enquête CSA pour l’Institut pour l’innovation économique et sociale (2IES), publiée en juillet 2025, 78 % des Français jugent nécessaire une réforme en profondeur du modèle social, dans un contexte de déficit public chronique et de crise démographique.
Un attachement lucide au modèle social
Le modèle social français demeure, pour une majorité de citoyens, un pilier de la cohésion nationale. Mais il n’échappe plus à la critique. D’après cette enquête CSA–2IES, les Français connaissent et valorisent son rôle protecteur — 59 % y voient avant tout un accès garanti aux soins, 58 % une protection contre les aléas de la vie, et 44 % une aide aux plus fragiles.
En réponse spontanée, les mots « protection », « solidarité » et « valeurs » reviennent massivement. L’attachement demeure réel. Mais derrière cette image bienveillante, une inquiétude monte : celle d’un système devenu insoutenable financièrement et inefficace dans son fonctionnement.
Un modèle jugé à bout de souffle
Les chiffres sont sans appel.
-
76 % des Français estiment que le vieillissement de la population va accroître les dépenses de santé et de retraite, dont 43 % en sont convaincus.
-
62 % pensent que le modèle social, dans son état actuel, met en danger la stabilité financière de l’État.
-
86 % jugent le système de santé en crise, évoquant les déserts médicaux et la saturation des urgences.
Le malaise est aussi économique : 66 % des sondés considèrent que l’État-providence « coûte cher aux travailleurs et réduit leur pouvoir d’achat », 54 % qu’il nuit à la compétitivité des entreprises, et 72 % qu’il désincite à travailler.
Pour 68 %, il déresponsabilise les citoyens, une opinion largement partagée à droite (84 %) mais aussi présente à gauche (52 %).
Le constat est clair : un système pensé pour protéger finit par freiner l’effort et miner la responsabilité individuelle.
Les Français veulent une refondation, pas une fuite en avant
Face à ces dérives, les Français réclament une réforme structurelle.
-
78 % jugent une transformation du modèle social « nécessaire »,
-
67 % souhaitent réduire le périmètre des prestations ou le nombre de bénéficiaires,
-
tandis qu’un tiers seulement (33 %) préfèrerait augmenter les prélèvements ou la dette pour maintenir le système.
Cette dernière option séduit surtout les plus jeunes (44 % des 18-24 ans), signe d’un rapport générationnel différent à la dépense publique.
Mais l’ensemble du corps social semble prêt à regarder la réalité en face : un modèle à bout de souffle, financé à crédit, n’est plus soutenable.
« Pour les Français, la réforme du modèle social n’est pas taboue », souligne Claude Tendil, président du 2IES.
Les citoyens attendent des responsables publics qu’ils assument le débat — 90 % souhaitent que les dirigeants « s’expriment davantage sur le sujet » et présentent clairement leurs solutions.
L’heure n’est plus aux incantations mais à la refondation : rationaliser la dépense, restaurer les incitations au travail, et rétablir la soutenabilité du système pour les générations futures.
Une réforme libérale… pour sauver le social
Cette enquête confirme ce que de nombreux économistes libéraux défendent depuis longtemps : préserver le modèle social suppose de le réformer en profondeur.
Ce n’est pas une remise en cause de la solidarité, mais une exigence de responsabilité.
Le véritable courage politique ne consiste plus à promettre davantage d’aides, mais à repenser un État-providence qui protège sans étouffer, qui soutient sans déresponsabiliser.









