Les volumes de transactions immobilières en Europe ont atteint près de 37 milliards d’euros au troisième trimestre 2025, selon le Conseil international en immobilier Savills. Ce chiffre reste légèrement inférieur à celui du même trimestre en 2024, mais sur l’ensemble des neuf premiers mois de l’année, le total approche 130 milliards d’euros, en hausse de 1,5 % sur un an. Une performance modeste mais significative dans un contexte économique encore marqué par les incertitudes géopolitiques et monétaires.
Savills souligne que le début du trimestre a été freiné par des ajustements stratégiques des investisseurs, notamment durant la période estivale. Toutefois, les fondamentaux de long terme de l’immobilier européen demeurent solides. James Burke, Head of Global Cross Border Investment chez Savills, observe que « les perspectives pour le marché européen de l’investissement au dernier trimestre 2025 restent prudemment positives ». Il ajoute : « Malgré les tensions géopolitiques persistantes, nous anticipons un quatrième trimestre solide pour presque tous les pays européens que nous suivons. Les signes encourageants incluent le retour sur le marché d’un nombre croissant d’actifs et de portefeuilles de grande envergure, ainsi qu’une augmentation des volumes d’investissement pour certaines classes d’actifs telles que le commerce et les bureaux, tout en maintenant un fort appétit pour les secteurs “beds and sheds”. » Les « beds end sheds » sont les logements locatifs (résidences étudiantes, seniors…) et les entrepôts logistiques, deux types d’actifs réputés stables et résilients.
De son côté, Lydia Brissy, Head of Research Europe chez Savills, estime que la dynamique devrait se renforcer en fin d’année. « Bien que nos prévisions aient été légèrement révisées à la baisse en raison du ralentissement observé au cours du deuxième et du troisième trimestre, nous anticipons toujours une hausse de 7 % par rapport à l’année précédente d’ici la fin de l’année, avec des volumes totaux estimés à 210 milliards d’euros », précise-t-elle. Selon Savills, cette croissance serait principalement portée par les marchés nordiques et ceux du sud de l’Europe, où plusieurs transactions d’envergure ont été finalisées récemment.
En France, le marché de l’investissement conserve un visage contrasté. Plusieurs opérations majeures ont contribué à soutenir l’activité, mais les disparités restent marquées entre segments. Alexandre Wodka, Head of Investment chez Savills France, souligne ainsi : « Nous avons clairement un marché polarisé entre deux mondes qui ne se parlent pas nécessairement. D’un côté, les investisseurs ciblent Paris avec des rendements stabilisés autour de 4 %. De l’autre, les SCPI à haut rendement se tournent vers la première couronne, où les taux sont plus élevés, mais les anticipations de baisse de loyers pèsent. Si les accords XXL sont une bonne nouvelle, ils ne suffisent pas à relancer un marché où les vendeurs restent prudents et les produits rares. » Pour Savills, le dernier trimestre de 2025 sera déterminant pour confirmer la reprise d’un marché européen encore prudent, mais soutenu par un regain d’intérêt pour les actifs stables, en particulier dans les secteurs résidentiels et logistiques.








